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Administration communale / Département de la Culture et du Tourisme / Les Musées non communaux / Le Trinkhall Museum

Néant
Horaire
Mercredi
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18:00
Jeudi
10:00
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Vendredi
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Samedi
10:00
18:00
Dimanche
10:00
18:00

Facebook : https://www.facebook.com/trinkhallmuseum/

Accès gratuit chaque premier dimanche du mois
Le musée est accessible aux personnes à mobilité réduite

Le musée idéal

Le musée idéal est une œuvre réalisée tout au long de l’année 2019 par un des artistes phares des ateliers du Créahm, Alain Meert, en vue de l’ouverture du Trinkhall. L’artiste a répondu à la question qui lui était adressée - Qu’est-ce qu’un musée ? -, par le moyen d’un galion, toutes voiles dehors, où s’exposent nonchalamment dessins, peintures et sculptures.

C’est un théâtre de papiers, de cartons, d’objets, présences multipliées, insolites et familières qui se logent exactement dans l’entre-deux des consciences. Le monde entier qui tient dans un bateau : l’arche d’Alain Meert. Et c’est un musée, comme nous le voulons, qui navigue en rêvant parmi les idées, les formes et les émotions. Capitaine de vaisseau, Alain Meert est un pirate. Puissions-nous, au Trinkhall, nous laisser conduire par ses mille sabords et ses hissez ho !

Où en sommes-nous ?

Le Trinkhall museum devait ouvrir ses portes dès les premiers jours du printemps, à Liège, au cœur du parc d’Avroy. Nous venions de recevoir le premier numéro de la Gazette du musée et de mettre en ligne notre nouveau site internet. Quatre livres étaient à l’impression. Nous nous affairions à terminer le montage des expositions. Tout le monde était à l’ouvrage, les équipes du musée et du Créahm, les menuisiers, les peintres et les électriciens. La lumière était magnifique. Parfois nous éclations de rire. Le musée tombait comme un fil à plomb dans nos yeux. Ce sera, disions-nous, un musée de plein vent, porte battante ouverte sur la ville et sur le monde. Un musée d’art contemporain : c’est-à-dire un musée qui adresse au présent les questions qui importent.

Nous étions éblouis par les merveilles de la collection que nous ne cessions de redécouvrir : près de trois mille œuvres, provenant du monde entier, essentiellement réalisées par des artistes porteurs d’un handicap mental. En prendre soin était un privilège dont nous mesurions toujours mieux l’importance. Nous entretenions avec elles des relations d’amitié d’une extraordinaire intensité. Quand nous installions certaines d’entre elles dans les salles du nouveau musée, nous ne pouvions retenir nos larmes. Nos enthousiasmes et nos inquiétudes trouvaient à s’accorder dans le sentiment, un peu grave, d’une responsabilité qui nous était confiée. Autour de la notion « d’arts situés », que nous avions patiemment élaborée pour définir la politique muséale du Trinkhall, nous nous étions donné pour mission de défendre « la puissance expressive des mondes fragiles ». Ne plus, disions-nous, regarder la collection avec les yeux du monde de l’art, mais le monde de l’art avec les yeux de la collection.

Il y avait là tout un programme de savoir et d’émotion partagée, à l’exact entrecroisement du sensible et de l’intelligible, dont nous commencions à éprouver la fécondité et les vertus transformatrices. Nous avions conçu la première saison du Trinkhall autour de la thématique du visage (« Visages/frontières ») où chacun pourrait reconnaître l’énigme d’être soi. Les pièces de la collection en offraient une illustration extraordinairement diverse et d’une bouleversante intensité – comme si, dans le refuge des ateliers, avait pu librement se déployer, depuis plus de quarante ans, la question même de l’identité. Les images et les sculptures de la collection paraissaient traverser toute l’histoire de l’art, hantée, depuis les origines et jusqu’à aujourd’hui, par la figuration des visages. Encore n’étaient-ce pas les formes affirmatives ou les plus communément célébratives de la visagéité qui étaient ici données à voir, mais toutes ses déclinaisons interrogatives. Les visages de la collection traversaient les frontières de l’identité, ils s’effaçaient, se dédoublaient, se déchiraient, s’emboîtaient ou se multipliaient, choses parmi les choses, témoins d’existences fragiles et fragmentées, inquiètes ou jubilantes, emportées dans le mouvement perpétuel des environnements où elles se tiennent.

Pour donner son plein volume au programme des arts situés, nous avions également invité des artistes contemporains à dialoguer, au cœur du musée, avec les œuvres de la collection. Chacun d’entre eux bénéficiait, en outre, d’une exposition personnelle organisée, hors les murs, en différents lieux qui tissaient ainsi un maillage de partenariats et d’amitiés dont nous voulions qu’ils soient la marque du Trinkhall. Avec le musée, devaient s’ouvrir les expositions d’Anne De Gelas à la Châtaigneraie (Intermède. Un visage de lignes) ; de Thomas Chable à la galerie Quai 4 (Des jours) ; d’Hélène Tilman à la Société Libre d’Émulation (Ici le temps s’arrête) ; de Dany Danino au Théâtre de Liège (En abyme) ; de Luc Boulangé, fondateur du Créahm, chez Amour, Maracas et Salami (Z’avez pas vu Mirza) ; et, au musée Wittert de l’université de Liège, une exposition qui aurait rendu à la question du visage toute son épaisseur historique (La chambre des ancêtres). Au Théâtre de Liège encore, nous avions organisé une lecture musicale des textes de Jean-Michel Wuilbeaux, artiste de La Pommeraie exposé au musée, par Thierry Devillers, Steve Houben et Étienne Plumer. D’autres événements et d’autres expositions devaient suivre tout au long de la saison, notamment une grande exposition rétrospective de l’artiste montois Yvon Van Dycke au musée de la Boverie. Nous étions fin prêts. Autour de la thématique « Visages/frontières », notre programme d’expositions était une machine à éprouver, à vivre et à penser les vertiges de l’identité.

Le musée n’a pas ouvert ses portes ni la plupart de nos expositions partenaires. L’exposition d’Anne De Gelas a dû être suspendue quelques jours après son inauguration. Celle de Thomas Chable également, dès le lendemain du vernissage. Le musée est resté fermé pendant ces longues semaines de suspension... Nous nous en sommes trouvés bien entendu un peu tristes, un peu désorientés… Mais, plus encore, nous nous sommes sentis renforcés. Nous avons conçu une politique muséale tout entière inspirée par la notion de "fragilité" – ce que nous appelons "la puissance expressive des mondes fragiles" : elle prend, aujourd'hui, une signification très particulière et nous invite à penser plus loin et plus juste ce qui fonde notre inspiration et donne sens à ce que nous faisons. Nous sommes, plus que jamais, persuadés de la pertinence et de l’actualité de notre projet: en son lieu, modeste, ambitieux, il fait levier sur nos envies de changer le monde tel que, trop souvent, malheureusement, il va… Un musée est un lieu de production et d’échange de savoirs. Un lieu où s’inventent des manières de penser, d’accueillir, de célébrer, de percevoir, d’exister. Nous voudrions, au Trinkhall, faire bon usage du présent, des leçons qu’il nous donne, des promesses dont il est porteur.

Pendant ces longues semaines de confinement, nous avons travaillé d’arrache-pied. Nous nous sommes donné le temps de réfléchir plus en profondeur notre projet. Nous avons repensé l’accrochage de nos expositions, cherchant à leur conférer le maximum d’intensité, nous avons réfléchi et éprouvé dans la solitude toutes les relations d’amitié qu’entretiennent les pièces de la collection. Nous sommes prêts, plus que jamais, à prendre le large, sans précipitation cependant et dans le respect le plus strict des conditions que la crise sanitaire et le rythme du déconfinement imposent. L’inauguration officielle du musée est toujours reportée au mois de septembre. D’ici là, à partir du 17 juin, nous avons décidé d’entrouvrir le musée, pour un léger cabotage qui devrait doucement nous conduire jusqu’à la fin de l’été. Dans le même temps, nous sommes en train de reprogrammer les expositions partenaires qui ponctueront la première saison du Trinkhall, de septembre 2020 à septembre 2021. Nous nous réjouissons de vous accueillir dans notre musée tout neuf !

Carl Havelange et Raymond Kenler

Le musée idéal par Alain Meert et Patrick Marczewski
Alain Meert et Patrick Marczewski, Le musée idéal, technique mixte, 290 x 185 x 80 cm , 2019. Atelier : Créahm Liège (BE) © M.Thies/collection trinkhallmuseum
Le Trinkhall Museum
S’inscrivant à l’avant-scène du paysage culturel liégeois, le Trinkhall développe de nombreuses collaborations avec les différents acteurs de la vie artistique, sociale et culturelle, à Liège et bien au-delà des frontières de la ville